" ""À la fin d´un des concerts fameux donnés à Paris en 1841 par Chopin, l´un de ses admirateurs, le marquis de Custine, s´était écrié : « Ce n´est pas du piano que vous jouez, c´est de l´âme?! » De l´âme.. Le ?al monte des tréfonds de l´âme. Parfois il est assoupi ou caché, mais présent, omniprésent. Chopin, suprême chantre de la polonitude, a élevé son ?al au niveau du sublime pour en faire l´incarnation de ce sentiment si polonais."" Dans les années qui suivirent la fin de la première guerre mondiale, la France, qui avait besoin de travailleurs pour compenser les pertes humaines, eut recours à l´immigration massive de jeunes Polonais. Ils allaient travailler dur dans les mines de charbon, les usines ou les fermes. ""« La France?! Enfin?! La France?!» Il y avait bien de la magie dans ce mot.. On riait, on pleurait, on ne savait plus. Soudain on ne sentait plus la fatigue du long voyage. La France était là. Ils interrogeaient ces paysages agricoles qui ressemblaient à ceux qu´ils avaient quittés, en moins boisés. Et pourtant, ils leur conféraient un je-ne-sais-quoi d´enchanté, ils y voyaient l´incarnation de l´espoir."" Parmi eux, Youlka, jeune Polonaise arrivant en 1929 pour devenir ouvrière agricole dans un village perdu de la Champagne. ""Quant au bébé, elle le voyait très peu, il dormait dans la chambre des parents, pleurait rarement. Il lui faisait pitié. Pâle et morne, il semblait être, à l´image de ses parents, un genre de zombi à demi éteint. Elle pensa avec amertume qu´elle avait quitté la pauvreté de son village de Pologne pour trouver ici la misère et la faim, et de surcroit, qu´elle avait laissé un monde en couleurs pour entrer dans un autre en noir et gris."" Tout au long du récit de ses mésaventures jusqu´à son intégration, planent l´amour éternel de Youlka pour sa patrie et, l´ombre d´Apolonia, l´aïeule restée au pays, figure emblématique qui semble porter sur ses épaules toutes les souffrances et la résilience de la Pologne face aux guerres et aux invasions russes. ""Et soudain il était là, l´homme en blanc, passant lentement dans l´allée entre deux rangs de fidèles l´acclamant. Je m´écriai à son passage : « Niech zyje Polska?! » Pourquoi avais-je crié ces mots-là, « Vive la Pologne »?? Je ne sais, je n´avais rien préparé, ces mots m´étaient sortis du coeur. Il posa son regard aigu sur moi et s´immobilisa pour me parler quelques instants en polonais. Il me demanda d´où nous venions. Je lui répondis que nous venions de France, et cependant que ma défunte mère était une âme émigrée de Pologne. Alors il voulut savoir de quelle ville ou région de Pologne provenaient ces racines. Je l´avoue, c´est à ce moment que je péchai par omission.."" L´auteure, Diane DUANER, relate à travers ce récit tous les souvenirs authentiques confiés dans son enfance par cette âme émigrée que fut Youlka, sa mère, reconstituant avec émotion tout son parcours parfois dramatique, parfois rempli de joie. Elle a fait paraître cinq autres ouvrages dont Les mystères de la Dame de Coeur, prix Stendhal 2015 du CEPAL, L´Esprit des Lacs, premier prix 2014 de l´ACAI et prix du jury de Qualité des Arts 2016, L´Âge de déraison, médaille d´argent de l´académie d´Arras 2016, médaille de bronze du concours L´Albatros et trophée Émile Zola du CEPAL 2017."
- ISBN : 9782492200496
- Titre : ZAL ET POKORA
- Auteur : DUANER DIANE
- Editeur : 3/9 EDITIONS
- Collection : Je me souviens