OSER PENSER LE SACRÉ GIACOMEL ROBERT ZACCARIA

Warum ? À la question posée par Primo Lévi, seule la réponse que Job lançait à l’Éternel semble possible. Celle que Hananya, Mishaël et Azarya avaient criée, comme un défi lancé à Shadday, au moment de périr dans la fournaise de Nabuchodonosor (Dn 3,18) : « Malgré tout, peut-être. » Dieu n’est pas seulement mort, Il a renoncé à être. Malgré tout, parce que la vie s’obstine face à la souffrance et la mort. Peut-être, parce que cette vie nous a été confiée par nos ancêtres, et qu’eux au moins méritent qu’on les honore. La condition humaine se situe à l’intérieur de cette contrainte, quand la pensée s’obstine, non pas contre les murs mais contre l’infra du néant. L’exil de la Parole n’impose pas l’exil du Sacré. Dans un monde où l’humain s’est forgé en objet de croyance qui n’est autre que lui-même, sanctifiant la modernité qu’il identifie à la science et à l’Etat sécularisé qu’il exalte comme ses chefs-d’œuvre. Oser penser le Sacré, c’est considérer l’autre et en admettre l’existence. Oser penser le Sacré, c’est résister à la banalité du mal. Oser penser le Sacré, c’est ne jamais s’accoutumer. Aller au-delà des limites, c’est accepter que le fait de ne pas savoir, porte en lui-même une valeur. C’est entrer dans l’ombre de l’Absolu, c’est contempler, là où est l’Infini n’est pas définissable.