NOUVELLES DE LITUANIE SLEPIKAS ALVYDAS

Si le rayonnement de la Lituanie sur la planète des lettres est incontestable, il fut le plus souvent le fait de Lituaniens émigrés. En France, on pense inévitablement à Romain Gary, héros de la Deuxième Guerre mondiale et deux fois lauréat du prix Goncourt, né Roman Kacew et dont l´immeuble natal, à Vilnius, est facilement identifiable par la sculpture du petit garçon à la galoche, inspirée de la Promesse de l´aube. Ou, aux États-Unis, à Jonas Mekas, poète et cinéaste né à Semeni?kiai et émigré à New York en 1949 où il mourut en 2019. Hormis de rares exceptions, donc, il n´est pas exagéré de dire que la littérature lituanienne est fort méconnue dans l´hexagone. On sait que la Lituanie a été tour à tour occupée par les Soviétiques et les Nazis (entre 1941 et 1944, le pays perd entre 85 % de sa population juive), avant d´être à nouveau annexée par l´URSS de 1944 à 1990. Le conflit actuel opposant l´Ukraine voisine et l´ancien occupant russe vient raviver ces plaies , on retrouve des témoignages directs de l´époque soviétique, à son apogée ou finissante, chez quatre de nos six auteurs. Une autre façon de saisir la réalité de ce pays attachant par la littérature. Extrait : « C´était toujours ainsi : ce qui circulait sous forme de blague en Union soviétique, l´Occident le prenait pour argent comptant, pour la seule réalité digne de ce nom. C´était un phénomène réciproque. Pour les Soviétiques, tous les Occidentaux étaient de riches idiots, rien de surprenant pour eux que ces abrutis derrière le rideau de fer racontent leur blagues d´un air si sérieux. Certes, ces Occidentaux n´étaient pas dupes. Au contraire, ils tentaient de donner une explication rationnelle à toute absurdité provenant du bloc soviétique, de rationaliser ce monde ubuesque. Ainsi, ces blagues, peu importe leur absurdité, devenaient moins une occasion de rire à table qu´un problème de logique! » Avec les textes de Laurynas Katkus, Virginija Kulvinskaité, Giedra Radvilaviciuté, Alvydas ?lepikas, Jurga Tumasonyté et Tomas Vaiseta.