LA SAVANE, PAPA DE GAULLE ET LA NÉGRESSE EN DÉVEINE : TOME 1 CONFIANT RAPHAËL

Au mitan de Fort-de-France, capitale de la Martinique, se trouve une place appelée « La Savane » qui en est le cœur battant. Ancienne mangrove du temps des premiers habitants de l'île, les Kalinagos, remblayée au fil du temps par les conquérants français avant de devenir un vrai parc public, elle a été le point de ralliement de nombre d'événements importants. Débarquement du roi Béhanzin du Dahomey exilé à la Martinique à la fin du XIX e siècle, arrivée de la Vierge du Grand Retour en 1948 censée ramener la population sur le chemin de la foi chrétienne, discours flamboyant du Général de Gaulle au début des années soixante, proclamant la francité de l'île, émeutes sanglantes de décembre 1959, manifestations contre le chlordécone, pesticide cancérogène utilisé dans les bananeraies en 2011, mais aussi lieu de rassemblement des festivités carnavalesques. Longtemps, elle fut aussi une manière de cartographie de l'aventure coloniale avec ses statues de l'Impératrice Joséphine, épouse de Napoléon 1er , et de Belain d'Esnambuc, le « découvreur » de l'île, aujourd'hui déboulonnées, ainsi que des différentes couches sociales et ethniques de la Martinique, chacune disposant de son propre banc en granit (banc des Mulâtres, banc des Syriens, banc du petit peuple..). Dans ce livre, c'est elle, La Savane, qui parle, elle qui détient la mémoire vive de l'île. Elle en est en quelque sorte le personnage principal, qui, refusant l'ordre chronologique des humains, fait revivre les différents événements à sa guise, aidée en cela par plusieurs personnages emblématiques : Monsieur Nestor, communiste presque centenaire, Dame Améliya, bellissime Négresse en lutte contre la déveine, Fils-du-Diable-en-Personne et Bec-en-or, « majors » (fiers-à-bras) de leurs quartiers respectifs, Frédéric Saint-Honoré, lycéen mulâtre quelque peu arrogant, ainsi qu'une foultitude de personnages qui témoignent de la «diversalité» du monde créole. La Savane parle, écoutons-la !