LE GARÇON DE L´AVENUE DES MARTYRS RADIN MILAN

Sud-ouest de la Roumanie, 1er décembre 1989. Quelques semaines après la chute du mur de Berlin et une première tentative achevée en détention, Milan Radin, quinze ans, et sa mère, postière à Timi?oara, parviennent à franchir, à pied et de nuit, la frontière interdite avec la Yougoslavie, cet « autre côté » tant idéalisé par l´adolescent, Roumain d´origine serbe, épris de liberté. Dans les années 1980, le régime de Nicolae Ceau?escu est à l´apogée de son âge d´or, phase suprême de son épanouissement vers l´absolu communiste qui se traduit, en réalité, par de graves pénuries et un contrôle sévère de la population. Trompant l´ennui de ce quotidien gris et étouffant dans leur quartier ouvrier, le petit Milan et sa bande de « haïdoucs », ces voleurs de grand chemin très populaires dans les Balkans, affrontent leurs voisins au football, à des jeux improvisés, à la guerre, font tourner les adultes et les autorités en bourrique, font l´école buissonnière, écoutent des disques occidentaux, regardent la télévision yougoslave en cachette. À cette époque, la capitale de la région du Banat, marquée par ses héritages hongrois, allemand, serbe et roumain, demeure une ville multiculturelle malgré sa roumanisation galopante. En Yougoslavie, les fugitifs sont recueillis par un automobiliste qui les conduit chez des amis. Au terme d´une traversée clandestine du pays en voiture, ils gagnent l´Autriche par la forêt et se retrouvent dans un camp de réfugiés près de Vienne.. où ils apprennent le déclenchement de la Révolution roumaine à Timi?oara et l´exécution du dictateur le 25 décembre 1989. Empêchés de rejoindre l´Amérique, ils finissent par s´installer dans ce qui ne devait être qu´une destination de transit. Le lycéen puis l´étudiant Milan surmonte les obstacles pour réussir à s´intégrer dans une société autrichienne méfiante face à l´arrivée de ces immigrés de l´Est. Lorsqu´il retourne sur les traces de son enfance cinq ans plus tard, il ne reste déjà plus rien de la Timi?oara qu´il a connue. À la croisée de l´archive historique, du récit d´aventures, de la fable philosophique et du roman de formation, ce texte autobiographique, dans la veine de La Guerre des boutons ou des Garçons de la rue Pál, offre au lecteur français une plongée inédite dans la Roumanie prérévolutionnaire tout en rappelant la dure condition du réfugié exposé au danger et au rejet.